Dôme des Glaciers par l’arête des Lanchettes version 2018
par *V* ~ Dimanche 1 juillet 2018. Classé dans : Alpinisme & Escalade, Montagne.Date | 30 juin - 1er juillet 2018 |
Cotation | PD- / II / 2 |
Altitude au sommet | 3592 mètres |
Dénivelé positif | 1er jour : 800 mètres 2ème jour : 842 mètres |
Durée aller-retour | Second jour : du refuge au sommet : 5h Total : 9h30 |
Carte IGN | 3531 ET Saint-Gervais-les-Bains Massif du Mont-Blanc |
Topo | Lien vers Camptocamp |
Météo | Grand beau et chaud durant les 2 jours |
Accès | Depuis les Chapieux (commune de Bourg-Saint-Maurice), prendre la route de la Ville des Glaciers. Parking au bout. |
Depuis longtemps nous avions envie de faire une sortie d’alpinisme entre cousins. Le plan initial était ambitieux : la traversée des arêtes du soleil en Vanoise, ou l’arête des Papillons dans les Ecrins.
Malheureusement, un bon mal de dos contracté lors de notre dernière sortie d’escalade à Chamonix nous oblige à revoir nos ambitions à la baisse. On cherche donc une idée de course pas trop longue avec une partie rocheuse et une partie glaciaire. Après avoir écumé les topos de la région, notre choix se porte sur une des deux grands classiques au départ du refuge Robert Blanc : soit le Mont Tondu, soit l’arête des Lanchettes menant au Dôme des Glaciers.
Nous ne connaissons pas la première course, mais avons déjà parcouru la seconde option lors de notre toute première sortie d’alpi il y a 5 ans déjà ! D’habitude nous n’aimons pas trop refaire une course, mais nous avions tellement adoré cet itinéraire que nous décidons de le parcourir une deuxième fois. En plus c’est une course qui s’annonce très complète : couloir de neige un peu raide, arête rocheuse, succession de dômes glaciaires puis descente sur un glacier demandant souvent un peu d’attention.
Nous partons de la maison peu après midi. Après avoir franchi le cormet de Roselend et pique-niqué aux Chapieux, nous partons du parking des Lanchettes. Le week-end s’annonce très chaud, mais pour l’instant une petite bise devrait nous éviter de trop cramer. On contemple le beau panorama du cirque fermant la vallée des Glaciers, avec une belle vue sur le chemin qui nous attend pour ces deux jours. Nous sommes déjà venus plusieurs fois mais c’est toujours un plaisir de retrouver ce lieu magique, bien plus calme que le reste du massif du Mont-Blanc.
Nous empruntons le nouveau sentier d’accès au refuge, qui monte bien moins raide que l’ancien ! Vers 2400 mètres d’altitude, nous trouvons des névés en continu. C’est l’occasion de faire quelques exercices de cramponnage et arrêt de chute au piolet.
En fin d’après-midi, nous rejoignons le refuge Robert Blanc et tombons nez à nez avec des copains de notre ancienne patrie stéphanoise !
Après une petite bière, il est temps de bien dîner (merci pour le digestif !), de discuter un moment avec les stéphanois puis de nous coucher tôt. Le sommeil tarde à venir. On cogite un peu sur les conditions du couloir de départ de demain matin dont la vue de loin ne nous a pas enchanté, sans compter la chaleur qui va nous forcer à être rapides, la pression d’emmener une cordée avec un débutant etc… Il est bien minuit lorsque j’arrive enfin à dormir par intermittence.
Le réveil sonne à 3h50. Dix minutes plus tard nous sommes au petit-déjeuner, et à 4h30 nous voilà déjà équipés et prêts au départ. Nous attendons un peu les cousins, et toute la petite troupe se met en route vers 4h45. Nous sommes seuls, c’est rare sur cette course ! Le refuge était plein, mais les autres cordées sont partis pour d’autres courses, ou pour un aller/retour au dôme par le glacier. En fait, une cordée fort rapide nous rattrapera un peu plus tard, mais à part ça nous sommes dans un calme (et un cadre) royal.
Malgré la nuit chaude (10°C à 2700 mètres !), la neige a regelé. Le cramponnage est donc efficace, et les premières pentes derrière le refuge nous échauffent rapidement. J’avais souvenir d’un couloir raide mais facilité par la présence de marches. Mais cette fois-ci c’est à nous de faire la trace : un bon exercice pour cramponner en pointes avant ! La pente est de plus en plus raide, les mollets chauffent. Ce n’est pas très technique, mais tout de même plus difficile qu’en 2013 alors que la trace était bien faite.
Le jour se lève déjà, les frontales ne sont plus nécessaires. Au milieu du couloir, une rupture dans la neige nous oblige à passer par une section en rocher un peu pourrie. On reprend ensuite la neige pour un dernier effort avant de déboucher sur l’arête des Lanchettes.
Ouf, le plus dur de la course est fait ! Il est 6h, on admire un superbe panorama et les premières lueurs sur les sommets voisins en faisant une petite pause de 15 minutes.
On quitte les crampons et attaquons notre cheminement sur l’arête des Lanchettes. La vue sur le bassin de Tré la Tête est aussi fabuleuse que dans mes souvenirs.
Le parcours est plutôt facile, alternant les sections de marche avec d’autres portions où il fait poser les mains, sans que l’escalade ne soit trop exposée. Que du plaisir ! On chemine tantôt versant Ouest au-dessus du glacier de Tré-la-Tête, tantôt versant Est, au-dessus du glacier des Glaciers. C’est ce dernier qu’il va falloir redescendre tout à l’heure, on en profite donc pour repérer le cheminement à travers les crevasses… Le chemin monte et descend jusqu’au col des Glaciers.
La courte nuit commence à se faire sentir, je ne dirais pas non à une petite sieste, d’autant plus que la température est douce et l’atmosphère sans vent. Mais ce n’est ni l’heure, ni le lieu.
Les rayons de soleil nous atteignent enfin et me réveillent un peu. Il faut se motiver pour continuer à monter sur l’arête, jusqu’au passage des gendarmes équipés de quelques spits.
L’arête devient nettement plus large ensuite, et on remonte une portion en pierrier peu agréable.
On retrouve ensuite la neige vers 3200 mètres d’altitude au col du Moyen Age. Il est 9h, je commence à souffrir un peu de la fatigue et de l’altitude. On fait une bonne pause, on remet les crampons, on s’encorde à 4 personnes sur la même corde et on repart pour la dernière portion : une succession interminable de bosses et faux-sommets.
Nous arrivons enfin à 9h45 au Dôme des Glaciers, à 3592 mètres d’altitude. Avant de partir, je m’étais promis de monter jusqu’à l’épaule de l’Aiguille des Glaciers à 3700 mètres. Mais nous sommes tous un peu cuits (merci aux garçons qui ont un peu tracté les filles sur la corde…), et l’heure tardive nous incite à stopper la montée ici. La vue est splendide sur le massif du Mont Blanc, le toit de l’Europe bien sûr mais aussi les Dômes de Miage, la Vanoise, les Ecrins au loin, et quelques sommets italiens et suisses. Le fond de l’air est bien moins frais qu’en 2013 où nous avions eu un tel vent qu’il était difficile de se tenir debout…
Après une courte pause, nous attaquons la descente sur le glacier des Glaciers. Nous savons qu’il est zébré de nombreuses crevasses, et cheminons donc prudemment : d’abord en rive gauche (bon exercice de descente en faisant chauffer les cuisses sur une portion un peu plus raide !), ensuite en traversée entre deux zones crevassées, puis relativement proche de la rive droite. La neige est encore assez dure, c’est tant mieux pour éviter les crevasses. Mais de grosses bosses peu agréables sont formées à la surface de la neige, nous ne pouvons donc pas descendre aussi vite et facilement que souhaité. Nous traversons quelques ponts de neige à tour de rôle, puis atteignons enfin le bas du glacier à midi, deux heures après être partis du sommet ! Je ne pensais pas mettre autant de temps ! Nous sommes complètement rôtis par le soleil et la chaleur. Nous quittons avec plaisir baudrier, crampons, corde et vêtements chauds.
Après une bonne pause récupératrice, nous attaquons la moraine puis des névés ramollis nous permettent enfin de descendre sans effort ! On tire vers la gauche pour rattraper un petit sentier qui descend bien raide et rejoint le sentier du refuge au pied de belles cascades.
La dernière portion en pleine fournaise est interminable, les cuisses souffrent, mais nous arrivons enfin à la voiture à 14h45. Nous avons mis une heure de plus qu’en 2013, sans doute à cause de mon coup de mou sur l’arête, mais surtout des conditions de neige a la descente qui nous ont bien ralenti. Malgré tout, les cousins sont ravis de cette sortie, et donc nous aussi ! Nous ne regrettons pas du tout d’avoir refait ce parcours, on ne s’était pas trompé, c’était vraiment une super jolie course très variée !
Plus de photos dans l’album photos du Dôme des Glaciers.