Pointes de la Blonnière – Arête à Marion
par *V* ~ Dimanche 26 août 2018. Classé dans : Alpinisme & Escalade, Montagne.
Date | 26 août 2018 |
Cotation | AD- / II / 4c |
Altitude au sommet | 2369 mètres |
Dénivelé positif | Approche : 600 mètres Voie : 300 mètres |
Durée aller-retour | Approche : 1h30 Voie : 4h Descente : 2h30 Total pauses comprises : 9h (timing très lent !) |
Carte IGN | 3531 OT Megève - Col des Aravis |
Topo | Lien vers Camptocamp |
Météo | Soleil et quelques nuages |
Accès | Départ du col des Aravis |
Depuis le temps que je voulais faire cette arête à Marion… Ce sera mon cadeau d’anniversaire !
La météo ayant été humide durant la nuit, nous décidons de ne pas partir trop tôt. A 10h au départ du col des Aravis, le sommet des Pointes de la Blonnière est encore dans les nuages. Nous montons à travers les prairies sans trouver de vraie sentier, puis on récupère le sentier un peu plus haut. On monte alors dans un petit couloir assez raide entre deux bandes boisées. Le chemin est glissant, ce qui nous fait perdre pas mal d’énergie. On arrive ensuite dans une combe plus large et plus minérale qui nous mène au pied de la falaise. Nous avons mis une bonne heure et demi pour l’approche, et sommes déjà presque fatigués par cette raide montée !
Deux cordées sont déjà dans la voie mais loin devant, nous sommes donc tranquilles.
La voie consiste en 3 longueurs d’escalade sur la base de la falaise, puis 11 longueurs sur l’arête proprement dite. L’ensemble devrait être peu difficile, et les difficultés concentrées sur le début et la toute fin. Nous avons emmené les chaussons d’escalade mais décidons de tenter de grimper « en grosses », pour s’entraîner.
Nous nous équipons et attaquons la première longueur en grosses cannelures encore un peu humides. Les grosses chaussures sont finalement plus appréciables que les chaussons dans ce type de relief. La deuxième longueur est un peu plus fine et encore plus humide. On attaque ensuite la 3ème longueur, avec une cheminée à l’ancienne, dans un dièdre un peu renfougne et humide. ca passe avec les grosses, mais en couinant un peu. Les topos indiquent la cotation du passage entre 4c et 5b, la vérité étant sans doute entre les deux ? Bref, sur le papier, le plus dur est techniquement fait.
Je pars ensuite en tête dans une zone de lapiaz en cherchant des spits et un relais que je ne trouve pas. J’improvise un relais sur des béquets. En fait ça passe assez facile en rando sans assurage.
On rejoint ensuite à pied le début de l’arête. On raccourcit notre encordement à 25 mètres (ne pas faire moins car dans certaines portions faciles les points sont éloignés), et on attaque l’arête à corde tendue.
C’est plus facile que je ne le pensais. L’arête est modérément aérienne sur le versant de la combe à Marion, mais carrément gazeuse sur son versant Val d’Arly : 800 mètres de vide sous les pieds ! C’est sans doute la première fois que je parcours une arête aussi aérienne. Je ne suis pas trop sujette au vertige, mais je ne savais pas trop quelle allait être ma réaction face à un tel vide. Finalement ça va super bien, que du bonheur. En plus le soleil est franchement de retour et nous sommes seuls avec les aigles qui nous tournent autour : une ambiance magique !
Non loin, le massif du Mont Blanc joue à cache cache avec quelques nuages résiduels. La vue est superbe et porte loin.
On parcourt en corde tendue 2 longueurs très faciles dans du 3. On s’arrête à un relais pour récupérer les dégaines, puis on repart pour deux longueurs de 4 un peu plus grimpantes mais faciles. Seules les portions descendantes à désescalader me font grincer un peu des dents en second. Parcourir les 3 premières longueurs de la voie en grosses était une bonne idée, ça permet de prendre confiance en ses pieds pour l’arête. Viennent ensuite 4 longueurs faciles, alors que la vue sur le col des Aravis devient plus plongeante à l’arrière.
On repasse en mode tirage des longueurs et on attaque ensuite la dalle de L12, réputée impressionnante mais facile. En effet le côté lisse contraste avec le reste de la voie, mais la dalle est en fait barrée de plusieurs larges failles qui sont parfaites pour les pieds.
Nous voilà enfin à la dernière longueur, la plus fine. Pour le coup, il faut vraiment poser les pieds sur des petits gratons : facile en chausson mais beaucoup moins évident en grosses ! Mais on s’en sort honorablement. La longueur termine par une traversée puis une remontée sur le versant le plus aérien, c’est impressionnant de changer de versant mais moins difficile que je ne le craignais (rocher délité pas terrible pour les pieds mais de bonnes prises pour les mains).
Enfin, nous arrivons au sommet ! Nous avons mis 4 grosses heures pour parcourir la voie, ce qui n’est pas un record, surtout compte-tendu du fait que nous avons fait une grosse partie en corde tendue. Il faut dire que nous avons pris notre temps pour apprécier le paysage. Il aurait fallu partir peut-être avec un peu plus de dégaines afin de s’arrêter moins souvent pour « recharger », mais peu importe. Il est 16h, c’est largement l’heure du pique-nique ! On apprécie le superbe panorama : Bornes, Aravis, Mont Blanc, Beaufortain, Vanoise et au-delà…
Il ne reste « plus que » la descente qui est loin d’être la partie la plus facile où l’on enchaîne :
- une portion à désescalader légèrement sécurisée par quelques spits (descente en rappel possible mais sur un seul spit c’est pas terrible…),
- une combe dans un pierrer raide et croulant extrêmement désagréable et presque dangereux : on a tellement fait partir de pierres qu’on a préféré garder les casques, heureusement qu’on était seuls, je me demande comment c’est gérable les jours de forte affluence ! Moi qui déteste ce type de terrain, j’ai serré les dents pour ravaler mes larmes…
- et enfin le long et raide sentier de départ qu’il nous faut redescendre pour rejoindre enfin le col des Aravis alors que l’église sonne 19h.
Après cette longue journée en montagne, on est bien fatigué mais vraiment très heureux d’avoir parcouru cette belle arête et engrangé une bonne expérience sur ce type de terrain, d’autant plus en ayant grimpé uniquement en grosses. Je pense quand même que c’est une voie qui doit s’aborder en état d’esprit comme étant une petite course complète, car on est presque plus proche des caractéristiques d’une sortie d’alpinisme que d’escalade : approche un peu longue et raide, voie facile et finalement assez peu grimpante, retour bien casse pâte.
On rentre à la maison la tête pleine de bons souvenirs, vivement la prochaine !
Quelques photos en plus de cette belle journée sont disponibles dans l’album photos de l’arête à Marion.