Bishorn
par *V* ~ Dimanche 23 juin 2019. Classé dans : Alpinisme & Escalade, Montagne.Date | 22 et 23 juin 2019 |
Cotation | F |
Altitude au sommet | 4153 mètres |
Dénivelé positif | 1er jour : 1600 mètres 2ème jour : 900 mètres |
Durée aller-retour | 1er jour : 4h 2ème jour : 3h15 du refuge au sommet, 9h en tout. |
Carte | Carte suisse, à trouver... |
Topo | Lien vers Camptocamp |
Météo | 1er jour : brouillard 2ème jour : tempête de ciel bleu, assez chaud. |
Accès | Depuis la France (Chamonix par exemple), rejoindre Martigny, prendre la route du Valais et monter au village de Zinal. Se garer sur la gauche du village, un peu avant le grand parking du fond. |
Nos vacances en Valais l’été dernier nous avaient donné envie de revenir avec les crampons. Et comme l’an dernier à la même époque, c’est en famille que nous passerons le week-end encordés. Il y a l’embarras du choix pour faire de l’alpinisme facile à Valais. Nous optons pour le Bishorn, un « 4000 » facile.
La météo de ce week-end annonce un ciel très maussade samedi et un dimanche « moyen » (qui sera finalement sans nuages !). Nous partons donc sans trop d’attente de Zinal, après une longue route depuis la France. La montée est bien raide, d’abord en forêt de plus en plus clairsemée, puis à travers un astucieux chemin franchissant une falaise. On arrive ensuite sur un vaste cirque moins raide et plus minéral.
A la pause pique-nique, au milieu du brouillard, nous tombons sur des copains stéphanois. Presque la même scène que l’an dernier, avec (presque) les mêmes personnes ! Décidément le monde de la montagne est petit.
Nous pensions trouver de la neige bas, mais finalement seuls les derniers mètres sont vraiment enneigés. Les névés présents vers 2500 mètres ne sont pas gênants, et seuls les derniers mètres sont vraiment enneigés. Après 4h d’efforts, nous atteignons la cabane de Tracuit, refuge futuriste au pied du glacier à 3256 mètres d’altitude. La vue est assez bouchée, une fine averse de neige commence à tomber, bref on est moyennement optimistes pour le lendemain.
Le refuge est bien plein, plus d’une centaine de personnes, presque tous candidats pour le Bishorn. En raison du monde et de la chaleur annoncée pour le lendemain, la gardienne accepte d’avancer le réveil à 4h au lieu de 5. Tant mieux pour nous, qui préférons les réveils matinaux.
La nuit est bonne malgré l’altitude, mais nous sommes réveillés 45 minutes par des boulets. Un vrai record. Tout ça pour :
1) brasser dans leur sac pendant 40 minutes dans le dortoir en faisant un boucan d’enfer avec les cintres
2) arriver 5 minutes avant tout le monde au petit-déjeuner, ce qui était inutile car la porte de la salle commune était fermée à clé
3) partir du refuge après tout monde…
Heureusement qu’on a de l’humour, ça nous aura fait rigoler (après coup, car sur le coup j’aurais préféré dormir 45 minutes de plus).
Ca bouchonne un peu à la sortie du refuge mais nous sommes parmi les premiers à partir, alors que le jour se lève à peine. Le ciel est complètement dégagé, une magnifique journée s’annonce ! J’adore cette ambiance nocturne, mais elle est de courte durée car le soleil pointe rapidement son nez.
C’est le week-end d’ouverture du refuge mais la trace est déjà digne d’une autoroute ! Mais en partant devant, on a l’impression d’être assez tranquilles. On traverse assez largement le bas du glacier, puis on remonte par sa rive droite. La montée est jolie mais plutôt monotone : une succession de bosses, où l’on voit le sommet qui nous nargue depuis le refuge.
Vers 3600 mètres, comme souvent, l’altitude me bloque. En quelques minutes, je passe d’un état « en forme » à un état « la tête dans un étau, je vais mourir ». Pas de panique, je sais que ça va passer si je reste raisonnable et humble. Etant première de cordée, j’en profite pour ralentir le rythme, inspirer profondément, bien expirer en deux temps pour bien vider les poumons comme j’ai l’habitude de le faire en course à pied, et surtout beaucoup boire. Ces efforts payent car le mal de tête passe en 15 minutes. Je retrouve mon énergie et ma bonne humeur.
Malgré tout je préfère ne pas forcer, et je conserve mon rythme lent. Il n’y a pas de raison de se presser exagérément, car le beau temps se maintient et nous sommes à présent la première cordée d’une longue procession partie du refuge. Seule une cordée de trois espagnols insiste pour nous doubler, mais finalement restent à 50 cm devant nous car ils sont cuits.
Sous le sommet, une dernière pente un peu raide sur un gros champignon de neige nous oblige à passer un par un car la glace est déjà presque visible.
Puis à 9h nous débouchons enfin au sommet du Bishorn, à 4153 mètres d’altitude ! Nous sommes seuls pendant quelques instants, un vrai privilège. Tout autour de nous, les hauts sommets enneigés nous entourent. La vue sur le Weisshorn et les 4000 du Valais est superbe.
Le petit vent au sommet ne nous incite pas à traîner plus longtemps. On redescend la petite pente sommitale en marche arrière, on croise les copains stéphanois qui arrivent, puis on attaque la descente. C’est là qu’on se rend compte de la foule qui était derrière nous ! En étant devant, on avait l’impression d’être presque seuls, tant mieux, car je n’aurais pas aimé faire l’ascension au milieu de 100 autres personnes.
Le début de la descente dans la neige est un vrai régal, on fonce droit dans la pente sans effort. En revanche la fin du glacier, plate, sous la chaleur et avec une neige portant de manière très irrégulière, est une vraie purge épuisante !
Nous retrouvons le refuge vers 11h, en pleine chaleur. On fait une bonne pause pour nous restaurer et quitter le matériel. On en profite pour admirer la vue que nous n’avons pas pu apprécier hier dans le brouillard : la fine silouhette du Zinalrothorn, la belle pyramide de la Dent Blanche, et le magnifique panorama depuis le réfectoire de la cabane de Tracuit.
On croise un peu de tout comme public sur cette course : un gars qui fume son joint à 5h du matin avant d’attaquer, quelques personnes expérimentées parties tôt devant nous, les espagnols au rythme irrégulier, un gars tout seul en raquette visiblement très fatigué et sans matériel qui finira par faire demi-tour, des cordées qui avancent très très doucement (pourtant on n’est pas des rapides !). Bref je ne suis pas sûre que l’ambiance « 4000 » soit vraiment mon truc. Mais c’était quand même une belle expérience.
Il ne reste plus qu’à affronter les 1600 mètres de descente bien raide sous une chaleur de plus en plus écrasante, puis déguster une boisson fraîche houblonnée bien méritée à Zinal.
Toutes les photos de cette belle sortie sont dans l’album photos du Bishorn.