Ça me démangeait depuis un moment… Depuis 2 ou 3 ans en fait… Je regardais les prix, les occasions, puis me rétractais : « non, pas maintenant, pas tout de suite, pas le temps, pas l’argent » etc…
J’avais presque abandonné l’idée, en me disant que je me remettrai à chercher plus tard…
Et puis, une inspiration chez les brocanteurs aux enchères, un dernier regard au cas où, « tiens, encore une occasion »… Et finalement, voici mon nouveau « jouet »… Un beau jouet !!!
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Un Rolleiflex, rien que ça ! *petites étoiles dans les yeux*
Il s’agit d’un appareil argentique, moyen format 6*6, c’est à dire que les négatifs sont plus grands que le « classique » 24*36 et sont carrés ! Fini les dilemmes du genre « je cadre à l’horizontale ou à la verticale ? » ;-)
L’appareil possède 2 objectifs : 1 pour la visée, 1 pour la photo, ce qui lui confère un « certain look » voire même un « look certain » !
Celui-ci date du début des années 1960, déjà 50 ans d’âge !
L’objectif est un Carl Zeiss Planar, f/3.5, 75mm. Soit environ 40mm en équivalent 24*36 ou 28mm en APS-C.
Focale fixe donc (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de zoom), et évidemment réglages tout en manuel ! Il y a quand même une cellule de mesure de lumière, qui fonctionne, chose presque rare sur ces modèles. Cela permet d’avoir une indication sur l’exposition et d’éviter de se retrouver avec une photo toute blanche ou toute noire.
La visée se fait par le dessus, sur un large verre qui est (malheureusement) assez sombre. Concrètement, on tient donc l’appareil à hauteur de la poitrine, et on baisse la tête par rapport au sujet, en regardant le dessus de l’appareil. La visée n’a pas de prisme, ce qui a pour conséquence que l’image regardée en visant est « inversée » : ce qui est à gauche se retrouve à droite… et ce qui est à droite passe à gauche ! Pas facile pour les cadrages, ça promet !
Il y a un stigmomètre (le point lumineux au centre de la visée sur la photo ci-dessous), et on peut sortir une espèce de loupe pour aider à faire la mise au point.
Mais le but de cet achat c’était aussi de m’amuser à développer les négatifs par moi-même ! Et oui, je ne peux pas m’empêcher de faire un peu de chimie à la maison, même les dimanches !
Concrètement, le développement se déroule en 2 grandes étapes.
Tout d’abord, après avoir retiré la pellicule de l’appareil, il faut se mettre dans le noir le plus total et enrouler la pellicule autour d’une spire ; c’est l’étape difficile à faire à tâtons ! On insère ensuite le tout dans une sorte de cuvette appelée « cuve de développement ». Celle-ci possède un couvercle avec une ouverture astucieuse permettant le passage des produits chimiques sans que la pellicule ne soit en contact avec la lumière.
On peut ensuite rallumer une lampe, passer au développement proprement dit. Tout d’abord prémouiller le film avec de l’eau ce qui donne en général une couleur très variable à l’eau ! Puis insérer le révélateur, c’est l’étape cruciale où le résultat dépend beaucoup de la durée de révélation, de la température du liquide et de la manière dont on agite. Passé cette étape, on peut vider le révélateur et stopper son effet en insérant un bain d’arrêt (l’acide acétique du vinaigre, dissous dans un peu d’eau, fait très bien l’affaire). Il faut ensuite passer à la fixation, puis au rinçage final avec une goutte de produit vaisselle pour aider à bien évacuer toute l’eau restante.
Il ne reste alors plus qu’à ouvrir la cuvette en croisant les doigts pour que tout se soit bien passé ! Grand moment de suspens ! Et après avoir admiré le mâââgnifique résultat, suspendre la pellicule par votre plus belle pince à linge et attendre le séchage ! (relooking de la salle de bain garanti !)
Ce week-end j’ai donc fait mon tout premier développement de pellicule. Grand moment d’adrénaline, car les possibilités de ratage étaient nombreuses : utilisation d’une vieille pellicule peut-être périmée, pellicule mal insérée dans l’appareil ou mal retirée, pellicule mal insérée dans la cuve de développement, temps de révélation complètement au pif etc.
Et bien j’avoue que je suis assez fière de moi (aïe, mes chevilles qui enflent…) car le résultat est tout à fait correct pour un premier essai avec tant de paramètres inconnus. Les photos ne sont ni trop sombres, ni trop claires, avec une belle palette de gris et beaucoup de détails. Les cadrages sont très perfectibles car il faut encore que je m’habitue à ce format et à la visée, les contrastes peuvent être également meilleurs… Mais techniquement c’est « propre », ce qui est assez satisfaisant pour une première ! Seules quelques photos possèdent un vignettage important (traduction : les coins sont sombres) ; pour l’instant je ne sais pas si cela provient d’un défaut de l’appareil ou d’un simple problème de mise en place du pare-soleil ; affaire à suivre, donc.
Allez, assez de blabla, voici donc un extrait de la cette première pellicule noir et blanc, modèle Ilford Delta 400, développée dans le révélateur Kodak D76 à 20 degrés pendant 14 minutes, puis passée au scanner.
Tout d’abord quelques photos du dernier week-end dans le Vercors :
Puis quelques essais plus ou moins concluants de photos en ville :
Voilà donc pour ces premiers essais. Il ne reste « plus qu’à » apprivoiser la bête, qui promet de magnifiques résultats pour l’avenir !