Kirghizstan – Bichkek
par *V* ~ Lundi 28 juillet 2014. Classé dans : Kirghizstan.Visiter l’Asie centrale est un vieux rêve de gamine, entretenu par la lecture de récits de voyageurs et de photos de paysages infinis de steppes et de montagnes. Enfin, j’ai sauté le pas. Les billets d’avion sont réservés depuis 6 mois, les sacs à dos sont bouclés depuis une semaine. Voici enfin l’heure du départ pour le Kirghizstan.
Pour se rendre en avion dans ce pays du bout du monde, il n’existe pas 36 solutions : compagnie russe via Moscou ou compagnie turque via Istambul. Les vols au départ de Genève sont souvent les moins chers, mais par chance nous avons réussi à trouver un vol au départ de Lyon, bien plus près de la maison. Nous laissons la voiture chez les beaux-parents, qui nous conduisent à l’aéroport. Dans le terminal, on croise les copains du club alpin en partance pour Dublin, au moins ils ne manqueront pas de bières…
Le premier vol de 18 à 22h nous conduit jusqu’à Istambul. Après une courte escale de deux heures, nous prenons le second vol en direction de Bichkek, la capitale kirghize. L’avion est rempli avec au moins 50% de trekkeurs en grosse chaussures de montagne. La nuit sera plutôt courte, voire inexistante. L’atterrissage nous dévoile déjà les steppes immenses d’un côté de la ville, les hautes montagnes de l’autre côté.
Bishkek ou Bichkek est la capitale et principale ville du Kirghizstan. C’est une ville principalement construite par les russes à la fin du 19ème siècle. La population atteint presque le million d’habitants, surtout des kirghizes mais aussi des russes restés après l’indépendance du pays. La ville est étendue mais le centre-ville est assez réduit. Bichkek est située à 800 mètres d’altitude (un des points les plus bas du pays !) sur une grande steppe qui s’étend au nord jusqu’au Kazakhstan voisin, puis à la Sibérie. Au sud en revanche, on trouve très rapidement des sommets enneigés à plus de 4000 mètres d’altitude, bien visibles depuis la ville.
Nous atterrissons vers 8h au petit Manas International Airport de Bichkek, nommé d’après une figure légendaire du pays. Nous sommes soulagés de voir que nos sacs à dos ont trouvé Bichkek eux aussi sans trop dégâts à part un flacon de gel hydroalcoolique renversé. Nous passons la douane (policier affublé d’un joli grand chapeau très communiste) et remercions le douanier d’un grand « grazie mille ». Oups, le mode anglais n’est pas encore en marche, et il y a encore des progrès à faire avant de maîtriser le russe !
Nous changeons quelques euros puis essayons de trouver la navette pour le centre-ville. Peine perdu, ce sera finalement le taxi, après s’être presque faits entraînés par les faux taxis locaux (« taxi mafia » dixit notre chauffeur… on aura aussi droit à « gasoline mafia » et « police mafia »… a priori selon lui il y beaucoup de mafia dans le pays ;)). Notre taxi est sympathique et tourne un petit petit moment avant de trouver la bonne rue et de nous poser à la porte du Tunduk Hostel où nous séjournerons les deux prochains jours. C’est la seule réservation du séjour que nous ayons faite en avance, tout le reste sera improvisé sur place. Coût de la course : 700 soms, au lieu de 500 à 600 soms pour un bon négociateur. Pas terrible mais pas trop mauvais non plus pour une première négociation.
La sieste de 10h30 à 12h30 puis la douche seront fortement appréciées pour nous remettre sur pied. On découvre qu’il n’y a en général pas de pression d’eau dans les tuyaux mais peu importe, un filet nous suffit. Nous voilà fin prêts à attaquer les vacances !
Nous partons à pied, sans plan, dans notre quartier un peu éloigné du centre-ville, pour une première prise de contact avec la capitale. Une longue avenue nous permet de faire quelques courses dans un supermarché étonnamment moderne, puis nous trouvons dans le magasin de sport « Red Fox » la bouteille de gaz nécessaire à notre futur trek (coût : 500 soms). Nous repérons le CBT, qui est fermé le dimanche ; tant pis, nous repasserons demain prendre quelques renseignements pour la suite du voyage.
A force de marcher, on finit par arriver au centre-ville. Il faut beau et très chaud. Le plan de la ville suit un quadrillage strict, on arrive donc rapidement à se repérer malgré un plan en alphabet latin alors que le nom des rues est indiqué logiquement par des panneaux en cyrillique (ça fait fonctionner le cerveau !). Les rues sont animées mais peu bruyantes car les gens semblent assez zen, ce sera d’ailleurs souvent le cas au Kirghizstan. Les avenues sont larges et assez boisées, il fait bon s’y promener. Les bâtiments officiels en marbre sont imposants. Seuls les vieux immeubles de l’ère soviétique font un peu « tâche » dans le décor mais c’est ce qui fait aussi le charme particulier de cette ville.
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Nous profitons des parcs et faisons quelques photos sur la place Ala-Too, la place principale de la ville. Les enfants jouent avec les fontaines, les amoureux se tiennent par la main, les gens sont souriants, on s’y sent bien.
Nous changeons un peu de monnaie à un taux plus avantageux que celui de l’aéroport, puis nous nous enhardissons à prendre un bus pour rentrer, pour la somme dérisoire de 8 soms (11 centimes !). Après cette première journée déjà riche en découvertes, la soirée sera sage : petit repas à l’hôtel et dodo tôt.
Le lendemain, on fait la grasse matinée jusqu’à 9h30, ce qui constitue une bonne nuit de 12h de sommeil. Nous voilà bien remis du décalage horaire et de la fatigue du voyage ! On prend le petit déj à l’auberge en compagnie d’autres voyageurs. C’est l’occasion d’échanger nos plans respectifs et de prendre des informations utiles pour la suite du voyage. On s’offre le luxe d’un petit plongeon dans la piscine de l’auberge.
Le Tunduk Hostel est vraiment une adresse à recommander : pas cher, ambiance internationale de voyageurs, des responsables supers sympas et plein de bonnes infos pour bien démarrer dans le pays. Chris le gérant nous fait rire en disant que l’auberge est implantée dans un « nice neighborhood ». Hum, de notre côté on trouve plutôt ça un peu délabré. On comprendra tout le sens de cette phrase à la fin de notre séjour : le voisinage est en effet plutôt pas mal à l’échelle de Bichkek, les maisons paraissent en état moins miteux que la moyenne, les voitures sont presque correctes, le goudron est défoncé mais il a le mérite d’exister ce qui n’est pas toujours le cas !
On part en direction du centre-ville en fin de matinée, sous une météo déjà chaude mais qui tourne un peu à l’orage. On commence à maîtriser les transports en commun, et c’est donc en bus que nous nous rendons au bureau du CBT. On réserve 5 jours de trek à cheval pour la semaine prochaine autour du lac Song-Köl. Ce sera notre seule partie « organisée » du voyage. Cpendant on se rendra compte par la suite que l’on aurait tout aussi bien pu se présenter au bureau du CBT de Kochkor à l’arrach’ au dernier moment. Au Kirghizstan, le concept de réservation se semble pas aussi implanté culturellement qu’en France. Après tout à quoi bon réserver puisqu’on trouve toujours une solution même à la dernière minute !
Un autre bus nous permet de nous rendre au centre-ville. On trouve un magasin de cartes « Geoid ». En fait il s’agit d’un tout petit bureau, bien planqué dans une arrière-cour entre deux immeubles (pour ceux qui voudraient trouver : sur la rue Kievskaya, tout près d’un bureau DHL).
L’estomac nous guide ensuite au Jalal-Abad, restaurant ouzbek où nous dégustons de très bonnes spécialités : boeuf patates légèrement épicé et boeuf aux légumes. La commande du dessert est plus épique. En effet le serveur parle peu anglais et de notre côté on galère avec nos 3 mots de russe. A bout de vocabulaire, on regarde les tables voisines, et on désigne du doigt des gens buvant en thé accompagné d’un petit pain genre brioche ou beignet. C’est loupé, on nous amène un pain fourré à la viande type mini-kebab. On comprendra quelques jours plus tard qu’il n’y a en fait pas de dessert au Kirghizstan.
Nous continuons ensuite notre promenade dans le centre et découvrons un grand centre commercial récent type « Mall » à l’américaine. Il semble avoir peu de succès ; les prix équivalents à ceux en Europe, donc très chers pour le pays, y sont sans doute pour quelque chose. On trouve tout de même quelques jolies cartes postales.
Nous arrivons enfin au bazar d’Osh (à ne pas confondre avec le bazar d’Osh situé dans la ville de Osh à l’ouest du pays, c’est pourtant clair non ?). Le bazar est bien plus fréquenté que le centre-commercial moderne ! C’est un mic-mac d’étalages allant des boutiques d’huiles aux sacs d’épices, fruits secs, légumes de toutes sortes, poissons et viandes (abats étalés et odeurs garantis…). L’ambiance est très vivante, ce n’est pas un bazar à touristes mais bel et bien un lieu de vie locale. C’est vraiment une visite sympa.
Nous marchons encore un peu dans l’après-midi pour trouver la poste principale de la ville où nous confions nos cartes postales. Grand moment de solitude pour écrire une partie de l’adresse en cyrillique ! Nous n’y croyons pas trop mais finalement les cartes arriveront à bon port, juste avant notre retour en France !
Puis vient le moment d’acheter une carte SIM pour le téléphone portable dans une des très nombreuses boutiques de trottoirs de la ville. La vendeuse ne parle pas un mot d’anglais. De notre côté on sait qu’en théorie il faut un passeport, mais les nôtres sont restés à l’hôtel et on feint de ne pas comprendre, en présentant une photocopie. Après un long moment d’incompréhension, la vendeuse prend finalement notre nom et adresse (bourrés de fautes, la douane n’est pas prête de nous retrouver ;)) et nous recharge la carte de quelques soms. On ne sait pas combien de minutes de communication cela nous ouvre ni si on a payé le prix juste mais peu importe, cela fera bien l’affaire.
On rentre à l’hôtel en fin d’après-midi, bien contents de cette journée chargée. Nous avons réglé toutes les petites tâches nécessaires à la suite du voyage, nous voilà donc prêts à partir dans les montagnes ! En soirée on s’offre un bon dîner en tête-à-tête dans un resto coréen à deux pas de l’auberge.
On nous avait décrit Bichkek comme une capitale peu intéressante. Certes le patrimoine culturel à visiter est réduit, mais la ville a un certain côté soviétique et décalé qui vaut le détour. Les nombreux arbres sur les avenues principales et les jardins sont forts appréciables en été. Il est habituellement conseillé aux touristes d’éviter les déplacements dans la ville de nuit ; nous n’avons pas testé mais en pleine journée on s’y sent bien et en sécurité.
Après ces deux jours bien remplis, nous avons tout de même hâte de partir plus au cœur du pays. Demain, c’est le départ pour Karakol, un long trajet en bus nous attend.
Toutes les photos sont dans l’album photos du Kirghizstan.
Résumé des articles du Kirghizstan :