Kirghizstan – Tash Rabat et le lac Chatyr-Köl
par *V* ~ Jeudi 14 août 2014. Classé dans : Kirghizstan.Après un réveil cool et le traditionnel porridge-confiture du petit déjeuner, nous sommes d’attaque sur la place principale de Kochkor vers 9h30. Nous trouvons tout de suite un taxi partagé pour Naryn où l’on prend les 2 derniers sièges disponibles.
La route commence par un joli bitume, c’est suffisamment rare au Kirghizstan pour être noté ! On retrouve bien vite une route défoncée pour monter au col de Dolon. Malgré tout le paysage est magnifique. Un des passagers arrête le taxi pour acheter 5 litres de koumis à l’un des nombreux paysans vendant sa marchandise sur le bord de la route. Nous arrivons à Naryn peu avant midi (prix du trajet : 350 soms par personne).
Naryn est une ville sans charme, située dans la province la plus pauvre du Kirghizstan. Son climat est encore plus continental que le reste du pays : -40°C en hiver, +30°C en été. Les kirghizes eux-mêmes la désignent comme étant la région la plus froide du pays. La ville n’est constituée que d’une très longue artère principale (nommée avenue Lénine évidement…), bordée d’immeubles défraîchis, à l’ambiance plutôt déprimante.
Autant dire qu’on se souhaite pas y rester, car il n’y a pas grand chose à visiter. Naryn est aussi la dernière grande ville sur la route vers la Chine, passant par le col de Torugart à 3752 mètres d’altitude. Nous ressentons déjà l’influence chinoise, aussi bien dans la physionomie des gens que dans la circulation routière. On croise de nombreux camions chinois remplis de marchandises en tous genres, faisant les allers-retours entre les deux pays.
On galère un peu à trouver le CBT situé plutôt au bout de la longue avenue de Naryn. Le CBT de Naryn n’ayant pas forcément très bonne réputation, on s’adresse plutôt à l’agence Kubat voisine pour réserver un taxi pour le début d’après-midi, afin de nous emmener à Tash Rabat.
On déjeune dans un petit resto en face de l’agence, plutôt bizarre : au 1er étage d’un bâtiment absolument vide avec la serveuse qui insiste absolument pour nous mettre de la musique. Le menu est tout en kirghize, la serveuse ne parle pas un mot d’anglais, impossible pour nous de comprendre quoi que ce soit… On ne s’en sort pas trop mal en commandant au hasard des plats qui s’avéreront être des mélanges de grandes salades et légumes en sauce rémoulade.
En début d’après-midi nous retrouvons un petit papy qui nous fait le taxi pour Tash Rabat. La sortie de Naryn se fait par l’ascension d’un col sur une route bien défoncée, puis on rejoint la belle vallée d’At-Bashi bordée de superbes montagnes.
Notre chauffeur ne parle pas un mot d’anglais, comprend à peine nos 3 mots de russe, mais insiste absolument pour faire le guide et faire un court arrêt à Koshoi Korgon près du village Kara-Suu. Ce sont les ruines d’une vieille citadelle de la route de la Soie, utilisée entre le 7ème et le 10ème siècle. Malheureusement le lieu a été mal conservé, il ne reste guère que quelques murs de sable effrités. Un musée est situé tout près mais semble fermé une grande partie de l’année…
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On reprend la route, composée de quelques lignes droites sans fin, avec parfois des portions de bon goudron (oh miracle !) et même des marquages au sol (sans doute les seuls que nous ayons vu en 3 semaines !).
On bifurque enfin sur une piste, à une quinzaine de kilomètres de Tash Rabat. Le site est fermé par une barrière où il faut payer 100 soms par personne.
Le caravansérail de Tash Rabat est l’un des caravansérails de la route de la soie les mieux conservés, à vrai dire il n’a subit aucune restauration et reste pourtant impeccable ! L’intérieur est composé d’une grande galerie qui dessert une trentaine de petites chambres pouvant accueillir les marchands et les bêtes. Le caravansérail date du 15ème siècle, mais un monastère était déjà construit sur le site depuis le 9ème siècle. Difficile d’imaginer que des dizaines de marchands passaient dans un endroit si reculé. Il a ensuite longtemps été oublié en raison de son isolement, à l’écart de la route principale reliant le Kirghizstan et la Chine. Planté au milieu de nulle part à 3200 mètres d’altitude, il dégage vraiment une ambiance particulière… Nous qui cherchions à voir différentes facettes de l’Asie Centrale, nous sommes ravis de cette petite visite culturelle. On se sent transporté à une autre époque, bien loin de notre monde moderne.
On remonte la vallée en direction du col de Tash Rabat en longeant une rivière. Les bons coins pour planter la tente ne manquent pas. Une fine pluie s’abat sur nous et après 45 minutes de marche, nous installons notre bivouac solitaire pour la nuit.
2ème jour jour
Dénivelé positif : 900 mètres
Dénivelé négatif : 950 mètres
Durée : 7h30
Météo : Beau temps durant la rando, pluie en soirée
Après une nuit un peu compliquée pour cause de froid, pluie, vent et déboires dus probablement à une mayonnaise pas fraîche la veille, nous sommes récompensés par un réveil sauvage au milieu des chevaux, sous le beau soleil revenu. Nous plions les affaires tranquillement et nous mettons en marche vers 8h30. Nous remontons une belle et large vallée en longeant la rivière. Peu avant la fin de la vallée, le sentier bifurque à droite en direction de l’ouest et commence à prendre de l’altitude.
On retrouve à nouveau un long sentier en balcon au-dessus de la rivière. On voit au fond un col, mais il nous paraît être bien bas et trop proche pour être celui recherché. On s’égare un peu, il faut avouer que nous n’avons qu’une carte imprécise du pays au 1/750 000ème (en gros : 2 jours de rando pour 2 cm sur la carte…). Mais le sentier est assez marqué et la carte finalement suffisamment précise. On bifurque à nouveau vers le sud et on voit alors notre objectif droit devant nous.
On quitte bientôt l’herbe pour un univers plus minéral. On a l’impression de se traîner à cause de l’altitude, mais les mètres de dénivelé tombent finalement régulièrement. 300 mètres/heure avec un gros sac à presque 4000 mètres d’altitude, ce n’est pas un record mais ce n’est pas trop mauvais non plus.
Nous faisons un dernière petite pause 200 mètres sous le col. Quelques cavaliers nous doublent, et nous abandonnons les gros sacs pour finir plus léger. Ce délestage nous fait pousser des ailes, et nous avalons les derniers 200 mètres de dénivelé en moins de 30 minutes. Nous arrivons ainsi au col de Tash Rabat à 3964 mètres d’altitude. On grimpe sur un petit sommet à l’ouest du col pour atteindre 4045 mètres. On est bêtement contents d’avoir dépassé la barre symbolique des 4000 mètres d’altitude ! Difficile de croire que nous sommes si haut en regardant ce paysage !
Nous profitons d’un beau panorama sur le lac Chatyr Köl et les sommets voisins qui marquent la frontière chinoise toute proche.
Les rives du lac sont dans une sorte de « no man’s land » où il faut un visa chinois ou un « border permit » pour avoir le droit d’y mettre les pieds (même si techniquement on est encore au Kirghizstan…). Pour franchir la frontière, il faut être accompagné d’une personne kirghize ayant une autorisation spéciale et d’une agence de tourisme chinoise… Impossible pour nous d’aller plus loin tous seuls. On a atteint le bout du monde. On se sent bien, hors du temps et très, très loin de la France. Au final, nous aurons traversé l’intégralité du pays du nord au sud : du Kazakhstan jusqu’à la Chine !
Le vent souffle fort, on ne traîne donc pas au sommet. On descend environ 500 mètres pour faire une pause pique-nique bien méritée. Au menu, pain rassi, fromage à la consistance de plastique et chocolat périmé…
Il est seulement 14h, le bivouac que nous envisagions n’est situé qu’à 15 minutes de marche, il est donc bien trop tôt pour s’arrêter. On se dit qu’il doit être possible de rejoindre Tash Rabat en 2 heures, ce qui nous laisse peut-être l’espoir d’arriver à choper une voiture pour rentrer à Naryn le soir-même.
Commence alors une belle bambée de 2 heures à bloc dans la descente, surtout le long replat jusqu’à Tash Rabat, que l’on atteint à 16h01 précisément. C’est dire si on avait bien jugé l’horaire !
Nous demandons conseil à des bergers, en espérant que l’un d’entre eux puisse nous conduire en ville d’ici demain. Alors qu’on pensait galérer pendant plusieurs heures pour trouver une voiture, le hasard nous fait tomber sur le même petit papy qui nous avait emmené ici à l’aller. Le Kirghizstan est vraiment le pays du « niet problem » ! L’affaire est bouclée en quelques instant, le petit papy nous ramène à Naryn en taxi pour 200 soms, moyennant quelques morceaux de descente en roue libre, moteur éteint (une vraie conduite à la kirghize !).
Nous voilà à Naryn peu avant 18 heures. Nous passons à l’agence Kubat pour arranger un logement pour la nuit. Nous héritons d’un appartement dans un immeuble soviétique dans la fleur de l’âge (50 ans au bas mot, construit avec des matériaux premiers prix, sans rénovation…). Le matelas n’a pas du être changé depuis la chute de l’URSS et le disjoncteur du chauffe-eau est situé juste au-dessus de la baignoire ! Malgré tout, nous ne faisons pas les difficiles car on a une douche chaude avec de la pression, la deuxième en 3 semaines !
On part ensuite à la recherche d’un resto. Au détour d’un rue, on croise le groupe de Osh avec lesquels nous avions déjà passé une soirée à Kochkor. Le Kirghizstan n’est pas si grand !
Après deux échecs, les restos indiqués dans le guide ayant fermé, on trouve un bon petit resto avec même le menu en anglais. Décidement malgré le côté décrépit de Naryn, c’est une soirée grand luxe. Au menu : chinese meat (boeuf revenu aux épices et sauce soja), accompagné comme souvent des concombres et des tomates.
Toutes les photos sont dans l’album photos du Kirghizstan.
Résumé des articles du Kirghizstan :
Vendredi 21 juillet 2017 à 16:13
[...] accessible en ligne mais relativement imprécise… le blog « Lumières du monde » a un article assez complet sur cette [...]