Pointe du Vallonnet – Arête des Murois
par *V* ~ Dimanche 16 septembre 2018Date | 15 et 16 septembre 2018 |
Cotation | AD / I / 4b |
Altitude au sommet | 2757 mètres |
Dénivelé positif | Approche : 1300 mètres Voie : 220 mètres |
Durée aller-retour | 1er jour : 2h45 2ème jour : Approche : 1h30 Voie : 5h Retour : 4h20 Total pauses comprises : 12h40 ! |
Carte IGN | 3336 ET Les Deux Alpes - Olan - Muzelle - Parc national des Écrins |
Topo | Lien vers Camptocamp |
Météo | Nuageux |
Accès | Grenoble - La Mure - Le Désert en Valljouffrey. Possibilité de faire la course à la journée, ou de dormir la veille au refuge de Font Turbat. |
Depuis longtemps l’idée de parcourir cette arête des Murois dans les Ecrins nous trottait dans la tête. Une jolie course rocheuse dans un massif sauvage, que demander de mieux ? A notre époque stéphanoise, nous en avions parlé à un ami bien motivé pour nous accompagner. Puis nous avons déménagé dans d’autres contrées, mais l’idée est restée là. Il était donc temps de reconstituer une cordée stéphanoise pour parcourir cette arête.
Nous montons efficacement au refuge de Font Turbat le premier jour. Nous connaissons le coin pour y être déjà montés à l’automne il y a 4 ans. Ca papote, ça papote, il faut dire qu’on a 1 an de potins à rattraper, les vacances et les 2 déménagements à raconter etc… Le vallon est toujours sauvage et sans fin, mais on discute tellement que le temps passe très vite.
Nous recevons un très bon accueil au refuge de Font Turbat malgré que ce soit leur dernier jour de la saison ! Nous ne sommes qu’une quinzaines de personnes, ça sent la fin de l’été. Plusieurs cordées se préparent à la traversée de l’Olan et bénéficient des explications aux petits oignons du gardien. La face nord de l’Olan qui se dresse face à nous est toujours aussi impressionnante…
Le lendemain, nous nous levons à 6h. Le petit déj est vite avalé et nous démarrons à la frontale à 6h40. On éteint bientôt les lampes, on marche sur un joli sentier qui passe par une petite brèche astucieuse, puis on rejoint le pied de la voie en hors sentier à vue, par une rampe sans difficultés.
Nous prenons un petit quart d’heure pour nous équiper et nous restaurer, puis attaquons la grimpe. Nous sommes une cordée de 3 personnes (1 en tête, les 2 autres en flèche), on sait donc que l’on risque de ne pas être très rapides. On attaque en grosses, que l’on gardera tout du long. On tire les quelques premières longueurs au départ pour nous échauffer. Une deuxième cordée nous rejoint déjà et nous double rapidement. Ce seront les seules personnes croisées de la journée.
Puis une courte portion d’arête, très jolie, nous attend. La météo n’est pas aussi belle qu’annoncé, des nuages occupent le vallon sous nos pieds. On aperçoit un petit spectre de Broken, belle ambiance !
On passe deux gendarmes à escalader/-désescalader, puis à nouveau 2-3 longueurs. Je pose le pied sur un énorme bloc d’au moins 100 kg qui se met à bouger… il tient par quelques millimètres…. Je le retiens comme je peux du bout du pied pendant que Monsieur est en-dessous. Grosse, grosse frayeur.
Les nuages finissent par gagner et nous envelopper. On parcourt encore un peu d’arête dont une dalle assez fine, qui me fait bien couiner en corde tendue.
On atteint enfin le relais de rappel après 5h de course (6h45 d’efforts depuis le refuge). Ce n’est pas un record de vitesse, mais on est encore dans les temps du topo. On ne le sait pas encore, mais ça ne va pas durer, on en est qu’à la moitié de la journée…. Les garçons font un aller-retour au sommet. Je me débine car je n’ai pas envie d’avoir à re-descalader le truc, d’autant plus que nous sommes dans le brouillard.
Deux rappels plus tard, on rejoint la terre ferme. Pique-nique bien mérité !
On descend dans les cailloux en longeant la falaise. On se retrouve plus ou moins au milieu de barres rocheuses pas cool. On remonte un peu pour chercher un passage moins exposé. On continue encore par un long bout en hors sentier plus facile, jusqu’à rejoindre le sentier. Une longue descente nous attend avant de rejoindre enfin la cabane du Châtellerat puis presque 2h de plat ! La cascade de la Pisse semble s’éloigner au fur à et mesure qu’on s’en rapproche… Une fois passé la cascade, on débranche le cerveau pour la dernière petite heure, et on rejoint le Désert en Valjouffrey à la tombée du jour à 19h20, après près de 13h de course. A quelques minutes près, il fallait ressortir la lampe frontale pour terminer !
Quelle longue journée !
Tout allait à peu près bien jusqu’au sommet, on n’était pas rapide mais on restait dans les temps. On était au 1er relais du rappel à 13h30, on imaginait qu’il fallait 3h pour descendre (le topo n’indiquait rien). Au final on en aura mis 6 ! D’une part on avait sans doute sous-estimé la durée. D’autre part on s’est un peu paumé, j’étais un peu cuite donc je n’avançait plus trop etc. Sans compter le temps de ranger le matériel, manger un bout etc…
Bref, en alpinisme on a l’habitude de dire qu’au sommet on n’en est qu’à la moitié de la course. C’était bien vrai ici ! En alpi la course fini au parking et pas avant !
La voie était jolie, par contre je pensais qu’il y avait plus de portion d’arête à faire en corde tendue. J’imaginais le parcours plus aérien en fait. Finalement comme il y a pas mal de gendarmes à monter/descendre dans du 4, on a tiré pas mal de longueurs. A 3 personnes, on n’a quasiment jamais progressé tous les 3 en même temps.
Les passages les plus durs sont protégés, on n’a pas beaucoup posé de protections (de mémoire juste un friend et un coinceur, histoire de ne pas les avoir trimballé pour rien !)
Prévoir un stock de sangles pour les portions en arête et quelques relais à faire sur becquets.
Par contre sans les spits ça ne devait pas être la même chose car il y a plusieurs portions en dalles bien compactes. En second la voie se fait bien en grosses chaussures même si j’ai un peu couiné parfois. En tête les chaussons doivent être plus confortables pour les portions en dalle.
Une bonne expérience pour notre première voie d’alpinisme rocheux dans ce style, qui nous incite à rester modeste.
Quelques photos en plus sont disponibles dans l’album photos de l’arête des Murois.