Date |
25 août 2019 |
Cotation |
PD / I / 3b |
Altitude au sommet |
2408 mètres |
Dénivelé positif |
Approche : 400 mètres Voie : 400 mètres |
Durée aller-retour |
Approche : 45 minutes Voie : 4h Descente : 1h45 Total pauses comprises : 7h30 |
Carte IGN |
3430 ET La Clusaz - Grand Bornand |
Topo |
Lien vers Camptocamp |
Météo |
Grand soleil |
Accès |
Départ du col de la Colombière |
La tradition commençant à partir deux fois, le dernier week-end d’août est désormais le RDV de la traditionnelle course d’arête dans les Aravis. L’arêtanniversaire, puisque c’est son nom, consiste donc à me faire lever à une heure indécente le week-end de mon anniversaire (c’est à dire : avant 10h du matin), pour aller grimper une arête qui me trotte dans la tête depuis longtemps.
Cette année, ce sera donc l’arête des Bouquetins, qui nous faisait de l’oeil depuis que nous avions parcouru la voie des Cristaux en 2013. N’ayant que très peu d’expérience à l’époque nous n’avions fait que la voie des cristaux, mais cette voie et l’arête des bouquetins peuvent très bien s’enchaîner à la journée pour une cordée plus rapide.
Au départ du col de la Colombière, on monte efficacement jusqu’à la rampe de sortie de la via ferrata du pic de Jallouvre
On remonte les câbles de la via, on serpente entre quelques rochers, puis on attaque par une dalle (le crux de la voie est peut-être d’arriver à se motiver pour faire de la dalle en grosses après des mois sans escalade !).
Ensuite on enchaîne les passages de grimpe assez variés : des ressauts faciles à passer, quelques cheminées un peu renfougne, un peu de marche sur l’herbe entre les sections de grimpe. Alors que je m’engage dans une petite cheminée, je vois une énorme pierre arriver au-dessus de moi. Je me jette sur la gauche de la cheminée, en priant pour que la pierre touche la falaise avant ma tête et se fracture en petits morceaux. Pas de bol, elle me file droit dessus, mais choisi le chemin de droite. Je l’entends bien siffler à mon oreille et tomber plus bas, j’attends quelques secondes… Ouf tout va bien, à part mon rythme cardiaque qui a du doubler sous l’effet du stress ! Conclusion : toujours se dire que quand il y a un pierrier au pied d’une cheminée, les pierres en question ne sont pas arrivées là par hasard même si le rocher paraît sain !
L’arête en elle-même est finalement assez courte (grosso modo : 1/3 de la course), dommage, moi qui m’attendait à une vraie course d’arête tout du long. Mais cette arête est trop jolie, gazeuse sans être trop impressionnante, facile (plutôt de la rando avec les mains que de l’escalade), très facile à protéger avec ses nombreux becquets. On pose quelques coinceurs pour s’amuser (les enlever quand ils sont bien coincés est nettement moins amusant).
En plus, on a des spectateurs avec les randonneurs qui sont montés au Pic de Jallouvre. Il fait très beau, on prend notre temps de savourer cet endroit très photogénique, ainsi que la belle vue sur les Aravis et le Mont Blanc.
Au sommet on savoure encore la vue sur toute la Haute-Savoie : Aravis, Léman, Mont Blanc, massifs suisses… La vue porte loin. Quel changement par rapport à la Touchétie où nous étions il y a seulement une semaine ! Ce sont toujours des montagnes, mais la densité de population n’est pas la même !
Une fois arrivé au sommet du Jallouvre, la journée n’est pas terminée ! Il faut d’abord redescendre une portion un peu casse pattes, contourner le pic en face nord-ouest par une jolie vire, puis traverser l’arête du col du rasoir qui porte délicieusement bien son nom !
La partie la plus pénible commence alors : descendre le col du rasoir, un vaste pierrier croulant où le chemin n’existe guère. Finalement, ça passe plus facilement que prévu. On commence par longer la falaise le plus longtemps possible en suivant une vague sente, sans se laisser tenter par les dalles sous nos pieds (tentantes car moins raides mais visiblement très glissantes car recouvertes de petits cailloux qui glissent… on a vu des randonneurs qui semblaient bien mal à l’aise dedans). Attention aux randonneurs en dessous, il faut essayer de se décaler pour ne pas faire tomber les pierres sur les voisins…
Ensuite il ne reste plus qu’à tracer « droit dedans », mais finalement le pierrier se prête assez bien à la descente en ramasse, et ça descend vite et sans effort ! Au pied du pierrier, on retrouve le bon sentier que l’on a emprunté à l’aller, et qui nous ramène sans autre aventures à la voiture.
Le meilleur moment de la journée peut alors commencer : enlever les grosses, et refaire le plein de calories avec une bonne coupe de glace au Grand Bornand.
C’est la première fois qu’on fait une voie où il faut autant se protéger soi-même, c’était assez ludique, et le rocher s’y prête très bien : on trouve toujours de quoi mettre une sangle, et les nombreuses fissures permettent d’utiliser à peu près toutes les tailles de coinceurs. Du coup, malgré la facilité de la voie, on a posé régulièrement des protections, ce qui explique sans doute l’horaire très long. Peu importe car l’objectif du jour n’était pas d’aller vite, mais plutôt de s’entraîner sur ce type de terrain. En ce sens, la journée est réussie, on estime ne pas avoir fait trop de bêtises !
On s’attendait à avoir moins de spits. Finalement, la grande majorité des pas un peu « durs » sont protégés. D’ailleurs, les spits ne passent pas toujours par l’itinéraire le plus facile. Au final on a utilisé que 2 spits. Le reste du temps, on a essayé de protéger en utilisant le rocher (c’était parfois faisable à quelques cm du spit en question), ou en prenant une variante plus facile que l’itinéraire suggéré par le spit. On a tout fait en corde tendue, en s’arrêtant parfois pour que le second « ravitaille » le premier en matériel, ou pour improviser un mini relai au-dessus des quelques passages clés.
Au final on n’a pas vu de bouquetins dans le voie (juste une famille dans la descente du col du Rasoir). Le nom de la voie est une publicité mensongère ! En revanche, un très beau couple de gypaètes nous a longtemps tourné autour, presque frôlé, des instants magiques ! Les parapentistes étaient nombreux également à nous frôler, tellement près qu’on entendait distinctement le bipbip du variomètre. Bref, ce n’était pas l’arête des Bouquetins, mais plutôt l’arête des oiseaux en tous genre ! Dommage qu’un oiseau bruyant appelé Drône ait gâché le calme…
Toutes les photos de cette belle journée sont dans l’album photos de l’arête des bouquetins.