Depuis longtemps nous rêvions secrètement de pouvoir dormir dans la voiture. Liberté absolue de se poser où on veut, quand on veut, au gré de nos escapades.
Le cahier des charges est simple : nous voulons un modèle pas trop gros afin de pouvoir rouler facilement sur les routes de montagne, pas trop haut afin de rentrer dans tous les parkings, et surtout discret afin de pouvoir dormir n’importe où.
A l’automne 2012, après plusieurs mois de réflexion et de recherches, nous voilà enfin propriétaires d’un petit fourgon ! Le modèle : Fiat Scudo (modèle équivalent à un Jumpy ou Expert), 4 ans, 100 000 km au compteur. C’est un L2H1, c’est à dire légèrement plus long que le modèle de base. Ce n’était pas dans notre cahier des charges, mais finalement les quelques centimètres en plus nous rendrons bien des services.
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Première bonne surprise, il rentre dans le garage au centimètre près. On trouve vite un surnom à notre bébé : ce sera Scubido.
A présent, à nous de l’aménager ! Le site Trafic Aménagé est pour cela une mine d’informations. Je dois avouer que Monsieur a fait une grosse part du travail ;-)
Le fourgon est en excellent état à l’extérieur. On ne peut en dire autant de l’intérieur malheureusement… Les anciens propriétaires étaient une entreprise de nettoyage, on peut parier que quelques litres de produits corrosifs ont suinté par terre…
On commence par démonter la séparation entre la cabine et l’arrière, puis on prend notre courage à deux mains, et on frotte longtemps… très longtemps, à la brosse métallique. Une fois la couche de rouille enlevée, l’intérieur est déjà plus présentable.
On applique ensuite deux couches de peinture blanche anti-rouille. Voilà donc un joli intérieur, presque comme neuf. Mine de rien cette première étape nous a déjà occupé 2 semaines.
Ensuite c’est l’heure de la douloureuse : un voyage chez le Roy Merlin l’enchanteur, et nous voilà délesté de quelques centaines d’euros en échange de pas mal de planches et autre matériel de bricolage. On en profite au passage pour tirer quelques gaines électriques : une au milieu près du conducteur, et l’autre à l’arrière. Pour l’instant cela ne nous servira pas, mais sait-on jamais…
Bon, c’est bien mignon d’avoir fait de la jolie peinture blanche, mais il va falloir recouvrir tout ça. Prochaine étape : mission isolation et coffrage. C’est THE gros morceau, la bête noire. Même si on ne compte pas chauffer le camion, il faut quand même isoler au mieux afin d’éviter les courants d’air et la condensation.
Tout d’abord, on colle des tasseaux à la colle polymère Bostik directement sur la carrosserie.
Pendant que la colle sèche, on prépare l’isolant multicouche et les planches de contreplaqué qui viendront par-dessus. L’isolant sera agrafé sur les tasseaux, et les planches vissées sur les tasseaux à travers l’isolant. Premier piège à éviter : ne pas oublier de découper et percer les planches AVANT d’avoir mis l’isolant, sinon il est ensuite impossible ou presque de retrouver les tasseaux pour y fixer les planches… Ce genre de fourgon petit modèle est un vrai casse-tête pour la découpe : aucun angle droit, aucune ligne parallèle, la découpe des planches prend donc de nombreuses heures… Il nous faudra un week-end de travail pour le sol, et autant pour chaque côté, chaque porte, le plafond etc… Bref, deux mois d’efforts ! Heureusement, on aime bien bricoler dehors les week-ends par -5°C sous la neige…
Petite astuce : laisser l’isolant dépasser des planches pour bien faire la liaison entre le sol et les murs, afin de limiter les ponts thermiques.
Encore des tasseaux sur un mur…
… et des tasseaux sur l’autre mur, on ne s’en lasse pas…
C’est ainsi équipé que l’on part pour quelques jours en montagne à l’automne. Le fourgon franchit le col du Lautaret à bonne allure, on est contents ! Le plafond, la porte latérale et les portes arrières ne sont pas encore isolées. Premier constat : le matelas et la couette c’est confortable, mais la tôle condense énormément ! Au matin, on est complètement trempés par l’eau qui dégouline du plafond. Le lendemain matin, la condensation ne coule pas, et pour cause il a gelé pendant la nuit… Mais à peine le réchaud allumé (quelle erreur !), tout dégèle d’un coup, et c’est la douche glacée…
C’est donc décidé, il va falloir réfléchir sérieusement à l’aération avant de continuer les travaux. On perce deux ouvertures pour mettre des grilles : une à l’arrière en haut, une sur le côté relativement en bas de la carrosserie. De cette manière, on est sûrs que l’air circule au mieux dans le fourgon. Percer la carrosserie de la voiture est une tâche un peu angoissante, pas le droit à l’erreur ! Pour la porte latérale qui est assez épaisse, on décide de bricoler une petite conduite d’air, afin d’éviter que l’air froid ne rentre dans l’épaisseur de l’isolant. Bien galère à mettre, heureusement qu’on avait 4 mains…
Pour la porte arrière c’est moins compliqué même si les découpes sont là aussi fort nombreuses.
Il ne reste plus que le plafond. Rebelote : tasseaux, isolant, coffrage.
Après la pose d’un sol plastique (moche mais on s’en fout) afin d’éviter de tout pourrir, deux couches de vernis pour protéger les planches, et voilà le gros œuvre enfin fini pour Noël !
On bricole ensuite un sommier « peigne » permettant d’utiliser un matelas de clic-clac en mode canapé ou en mode lit.
On part ainsi en Toscane à Noël, et on peut constater que l’isolation et le coffrage sont bien plus efficaces que lors de notre dernière virée ! Certes, sans chauffage, il fait vite froid, mais on est bien protégés du vent, et l’intérieur reste bien sec.
On fait une petite pause durant l’hiver, car bricoler dans le froid, c’est quand même difficile ! Au printemps, on reprend nos efforts pour l’aménagement intérieur. C’est plus fun, et ça va beaucoup plus vite que l’isolation.
Notre souhait : quelque chose de simple, rapide à monter et à démonter pour manger et dormir dans le fourgon. On désire également disposer d’un volume suffisant de rangement pour pouvoir partir pendant plusieurs semaines avec tout le matos de rando, escalade, alpinisme, photographie, voyage…
Au menu de cet aménagement : monter le sommier sur pieds et faire un grand placard sur le côté qui nous servira également de table à manger. Sur le côté du meuble, on installe un petit porte-manteau, indispensable pour pendre les vestes de rando mouillées… Pour les soirs de camping, on dispose d’une petite table et de deux chaises pliantes pour dîner dehors si la météo le permet. Sous le lit, on installe 4 grandes caisses pour ranger toutes les affaires : vêtements, matériel de montagne et de photo etc. Sur les portes arrière, on fixe des pochettes pour avoir du bazar à portée de main, surtout pratique pour la nuit. Au fond, une tringle et un rideau sont placés afin d’isoler les deux parties du fourgon, tout en gardant quand même un accès facile à l’avant si on veut placer quelques affaires sur les sièges.
Le haut du placard nous sert de cuisine et de garde-manger. On a vraiment la place pour mettre de la nourriture en quantité suffisante pour plusieurs jours d’autonomie. Au passage, il faut réfléchir à une fermeture qui supporte d’être secouée dans les virages sans s’ouvrir ! Après avoir fait la désagréable expérience de renverser la cafetière (sale et pleine de marc de café évidemment) sur le lit en pleine conduite, on a écumé les rayons de magasins de bricolage pour trouver un système costaud…
Le bas du placard est séparé en deux parties : un rayonnage pour mettre encore un peu de bazar et qui fait office de table de nuit, et la partie basse où l’on range nos chaussures de randonnée boueuses ! Du tissu antidérapant permet de bien maintenir tous les objets sur le rayon, même lors de la conduite.
Il nous reste même un peu de place pour installer un petit évier, le luxe ! Ce n’était pas prévu, mais finalement c’est bien pratique pour pouvoir faire un brin de vaisselle. L’évier est une simple gamelle de chien, percée. Deux bidons servent l’un de réserve d’eau propre, l’autre pour stocker l’eau usagée. Un système de pompe à pied alimente un petit tuyau, pratique pour avoir les deux mains libres tout en faisant couler l’eau comme à la maison ! On cache les bidons par un petit torchon placé devant. Le robinet a été mis sur le côté extérieur de l’évier, et peut facilement pivoter, afin de remplir des grosses gourdes ou casseroles qui ne passeraient pas dans l’évier.
Enfin, du côté avant, il nous reste de la place pour mettre encore une glacière (pouvant se brancher sur l’allume-cigare, bien pratique !), et une grande caisse pour le matériel qui ne rentrerait pas sous le lit (sacs à dos de montagne notamment). C’est la version L2 du Scudo qui nous permet de grappiller ces quelques centimètres pour pouvoir mettre la glacière, et il faut avouer que là encore c’est bien pratique pour gagner en autonomie et en confort. Au passage, des tendeurs au plafond et quelques pinces à linge sont les bienvenus pour faire sécher la lessive des vacances. On investit aussi dans un petit extincteur au cas où…
Et voilà notre fourgon terminé ! A l’usage, on est vraiment ravis, il n’y a rien à changer !
Seuls projets pour l’an prochain : bricoler un petit auvent pour pouvoir garder la porte ouverte même quand il pleut, et finir de décoller les moches autocollants de l’ancien propriétaire. Et si le budget le permet, dans un monde parfait, changer la banquette conducteur et passager par de « vrais » fauteuils plus confortables pour les longs trajets !
Pour finir, quelques souvenirs de nos virées en avec Scubido cette année : dans les Cerces et les Ecrins à l’automne, une belle boucle en Toscane à Noël, un « Scubivouac » frisquet sur un parking de Bourg d’Oisans en plein hiver, une très jolie virée en Bretagne et Normandie au printemps, quelques week-ends d’escalade, des dodos tardifs les soirs de mariage en juillet, puis enfin nos superbes 3 semaines de vacances dans les Alpes entre Savoie et Dolomites !